Georges Didi-Huberman disait : « Pour voir, il faut cligner des yeux. Il faut produire de la lacrima. Quand on voit flou, c’est peut-être à ce moment qu’on voit l’essentiel ». Le dévot du rêve n’est peut-être pas conscient de ce qui s’y réalise. Il est peut-être une ombre dans une grande bâtisse d’ombres. L’œuvre de Charly d’Almeida est une bâtisse faite de rêves, de bouches, de mots, de résonances, et de paroles silencieuses. Dans le solo show « Les Souvenirs de ma Bouche », il propose une lecture poétique ; et onirique de la puissance du dire, et du voir. Le dire dans son œuvre se vêt de formes, et de matériaux singuliers. Il s’introduit dans le visible drapé d’une ondulation constante. D’abord, l’œil, élément récurent, qui a toujours nourrit son univers. Il aime à dire que c’est ce qui nous guide, ce qui nous regarde, qui nous sert de narrateur. Cet œil, a été un médium de métamorphose, touchant à des thématiques mémorielles, et de passages. Déjà, dans l’exposition « Survivances », il avait jeté les bases théoriques de ses réflexions sur les restes de la vie en mouvement. Ici, ce sont des histoires nées de la réminiscence d’un amour maternel, qui lui a enseigné les conséquences du dire. En se rappelant de ces histoires, il pense les mécanismes rapprochant l’empire du rêve, et de la parole comme les pôles électriques opposés d’une même création.